Position du Comité de soutien de Tarnac aux personnes prévenues dans le procès qui aura lieu du 13 au 30 mars 2018 au TGI de Paris.
février 2018
Du 13 au 30 mars aura lieu à Paris le dernier acte d’une grande farce connue sous le nom d’ « affaire de Tarnac ». Pour nous cette affaire aura débuté au petit matin du 11 novembre 2008 avec le débarquement des troupes anti-terroristes et leurs forces supplétives au Goutailloux, au Magasin Général et dans tout le bourg. Nous réaliserons dans les jours suivants que cette opération faisait partie d’une vague nationale de criminalisation d’une dite « mouvance anarcho-autonome ». En fait de « mouvance », il est très vite devenu évident à tout observateur attentif qu’il s’agissait en fait de faire des « exemples » (comme il s’en faisait à la grande époque à Rome…). L’objectif à peine dissimulé était de dissuader toute cette jeunesse qui s’était ouverte à la révolte dans les trois années précédentes, plus particulièrement depuis le mouvement contre le CPE (Contrat Première Embauche), sur les braises duquel Sarkozy avait accédé à l’Elysée, non sans heurts.
« Nous sommes tous Brian ! »
Tout le monde se souvient désormais de « l’affaire » comme de l’échec de cette tentative très vingtième siècle de calmer les ardeurs de la jeunesse. Là où il s’agissait de marginaliser la révolte et certaines manières de mettre en accord des pensées et des gestes, c’est tout le contraire qu’il s’est passé. Ces dix dernières années ont été celles qui ont vu la montée en puissance d’un grand mouvement populaire d’opposition à la raison d’État dont l’abandon de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes est le point d’orgue. Il n’y aura ainsi jamais eu autant de jeunes « radicalisés » dans les rues qu’au printemps 2016. Il n’y a donc pas que la tragique recrudescence d’attentats sanglants en France qui rende, a posteriori, ridicules les accusations portées contre les prévenus de l’affaire « de Tarnac » :
L’ « association de malfaiteurs » qui pèse encore sur quatre des prévenus repose, entre autres, sur leur participation supposée à des débordements lors d’une manifestation à Vichy début novembre 2008. Au regard des milliers de personnes tuées par les politiques migratoires européennes ces dix dernières années, on se demande pourquoi ce sont les prévenus de Tarnac, et pas les ministres de l’intérieur européens réunis par Hortefeux à Vichy, les 2 et 3 novembre 2008, pour un sommet dit « de l’Intégration », qui sont appelés à comparaître aujourd’hui. Et encore : la nouvelle bataille qui s’annonce à Bure contre l’enfouissement des déchets nucléaires, tout juste sept ans après la sidération mondiale provoquée par Fukushima, ne manquera pas de remettre les quelques ‘crochets anti-nucléaires’, qui avaient suscité tant d’émoi en 2008, à leur juste place dans le sombre tableau du présent.
En abandonnant, après neuf ans d’instruction -et trois gouvernements plus tard, la qualification de « terrorisme »- la justice a commencé à reconnaître l’échec cuisant de cette mauvaise opération de contre-insurrection préventive. Il s’agirait aujourd’hui qu’elle assume pleinement cette défaite et qu’elle prononce enfin la relaxe de toutes les personnes prévenues dans cette affaire.